La triste vérité derrière le piratage des dossiers médicaux électroniques

Nos données médicales risquent de passer entre de mauvaises mains

par Norbert Häring,* Allemagne

(10 janvier 2025) (CH-S) L'auteur appelle clairement par leur nom les dangers qui se sont avérés inévitables avec la numérisation forcée des données de patients hautement sensibles en Allemagne. La «elektronische Patientenakte» (ePA) allemande, équivaut plus ou moins au «dossier électronique du patient» (DEP) suisse. Celui-ci reposait en 2017 sur le «double volontariat»: tant le patient que le praticien ambulatoire étaient libres d'ouvrir ou de gérer un DEP. Depuis 2020, il est introduit dans les établissements hospitaliers. Les Chambres fédérales délibèrent désormais d'une éventuelle obligation pour tous les établissements de santé ambulatoires. Les patients sont toutefois encore libres d'ouvrir un DEP – ou non.

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Lors de la réunion du «Chaos Computers Club» (CCC), des experts en informatique ont révélé qu'ils avaient un accès complet à tous les dossiers médicaux électroniques allemands, où qu'ils se trouvent. Il était clair dès le départ que les données ne seraient pas sécurisées. Le gouvernement l'avait également compris. Mais il veut de toute façon que nos données médicales atterrissent chez les pieuvres de données et les groupes pharmaceutiques.¹

Le gouvernement oblige tous les médecins, thérapeutes et caisses d'assurance maladie légales à participer à ce système. Les assurés légaux doivent s'opposer activement auprès de leur assurance maladie obligatoire s'ils ne veulent pas d'un dossier médical électronique stocké dans un «cloud», c'est-à-dire sur les serveurs des grands groupes informatiques américains.

Il était évident dès le départ que ces données hautement sensibles, auxquelles ont en principe accès tous les acteurs du système de santé dans toute l'Europe, ne pouvaient pas être protégées contre un accès non autorisé, même si le gouvernement ne se lasse pas de prétendre le contraire. Ce n'est pas pour rien qu'il a exempté les assureurs privés, auprès desquels les membres du gouvernement et les députés sont assurés, de l'obligation d’avoir un ePA.

Ceux qui ont pu y accéder ne sont pas même ceux qui ont un grand intérêt commercial et de renseignement et les possibilités correspondantes. Ceux-ci s'en prendront inévitablement aux données des ePA dès qu'il sera possible d'en extraire des millions de copies. Les deux hackers à succès ont montré dans une conférence au congrès CCC le grand nombre de points d'attaque existant à cet effet (lien sur X.com²).

Les dangers du dossier médical électronique

(15 juillet 2023) A partir de 2025, les caisses d'assurance maladie devront créer un dossier électronique pour chaque patient qui ne s'y oppose pas expressément. L'auteur invité Andreas Heyer critique cette mesure, car il craint un abus de données. Des exemples existent déjà à l'étranger.³

C'est pourquoi le CCC demande, dans un article publié le 27 décembre, «la fin des expériences avec les ePA sur les citoyens vivants».

Notre gouvernement [allemand], qui mise sur la numérisation forcée, le sait et le savait déjà précédemment. La triste vérité est qu'il s'en accommode à bon compte, car les données doivent de toute façon parvenir aux grandes pieuvres des données et aux groupes pharmaceutiques. Le chemin qu'elle emprunte lui est presque indifférent. La protection des données ne doit en tout cas pas former un obstacle. C'est le programme déclaré.

La numérisation, un cadeau pour le secteur de la santé: le gouvernement le dit enfin ouvertement

(1er décembre 2023) Les citoyens ne sont pas intéressés par les dossiers médicaux électroniques et les médecins doivent eux aussi être contraints à la numérisation dans le secteur de la santé. Alors, à qui sert-elle? Citation actuelle de Karl Lauterbach à propos de la présentation de la stratégie pharmaceutique du gouvernement fédéral allemand: «L'industrie pharmaceutique a besoin de données». Le «Tagesspiegel» titre à ce sujet: «Les plans de Lauterbach pourraient apporter des milliards de recettes à l'économie.»⁴

Les pieuvres des données doivent pouvoir entraîner leurs modèles d'IA avec les données des ePA – avec une protection des données allégée

(29 novembre 2024) Lors d'une conférence de l'Association numérique Bitkom, Karl Lauterbach, le ministre de la Santé, a révélé pourquoi le gouvernement s'engageait tant pour la santé numérique et le dossier médical électronique: nos données médicales sont extrêmement précieuses et les grandes pieuvres américaines des données telles que Google, Meta et Open AI en veulent comme le chien mâle à la femelle en chaleur.⁵

La vidéo «Nackt in der Gesundheitscloud»[tout nu dans le «cloud» sanitaire] explique clairement pourquoi un dossier médical électronique dans un «cloud» est si dangereux. La vidéo est disponible [en allemand] sur Odysee⁶ et Youtube⁷.

* Norbert Häring, né en 1963, est un journaliste économique allemand. Depuis 2002, il est rédacteur en sciences économiques au Handelsblatt. Il gère avec succès son blog norberthaering.de et a également publié plusieurs livres, notamment sur le thème de la politique monétaire.

Source: https://norberthaering.de/news/dpa-hack/, 29 décembre 2024

(Traduction «Point de vue Suisse»)

1 https://norberthaering.de/news/dpa-hack/

2 https://x.com/BBarucker/status/1873120768860799097?mx=2

3 https://norberthaering.de/news/elektronische-patientenakte/

4 https://norberthaering.de/news/lauterbach-digitalisierung-pharma/

5 https://norberthaering.de/news/epa-daten-und-ki/

6 https://odysee.com/@norberthaering:8/nackt-in-der-gesundheitscloud-wie-unsere:1

7 https://consent.youtube.com/m?continue=https%
3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fchannel%2FUC99JefKKsQBmQ6SgbrdlbXg%3Fcbrd%3D1&gl=CH&m=0&pc=yt&cm=2&hl=de&src=1