En Norvège, l’identité numérique biométrique se fait jour

Norvège: l'Etat saura bientôt ce que les citoyens mangent à midi.
(Bild keystone/Christian Beutler)

par Thomas Oysmüller*

(11 juillet 2022) La Norvège supprime son ancien système d’enregistrement numérique et déploie une identité numérique qui sera liée à des données biométriques.

Le système norvégien «BankID» sera mis à jour et évoluera vers une identité numérique incluant des données biométriques. L’ancien système de reconnaissance numérique était utilisé depuis 2009 et était utile pour une multitude de services et de choses. À présent, une nouveauté se fait jour, laquelle «rationalise» la manière dont on peut vérifier sa propre identité numérique en ligne.

Norvège numérique et biométrique

La nouveauté: les nouvelles applications intégreront des données biométriques avec l’utilisation de reconnaissance faciale et digitale. Ce passage à un système biométrique a été annoncé par Jan Bjerved, du système de paiement norvégien «BankAxept». La date de ce changement n’est pas encore très claire, mais la fin définitive de «BankID» est prévue pour 2023.

Plus de 4 millions de Norvégiens, soit plus de 80% de la population, utilisent actuellement la «BankID», dont beaucoup quotidiennement. Il s’agissait d’une «révolution» en 2009, mais les gens veulent désormais quelque chose de «plus simple», selon Bejerved. Il ne reste en effet qu’un petit pas à franchir pour que la Norvège devienne une société numérique. «BankID» est nécessaire pour les achats en ligne. Pour les rendez-vous médicaux (sur le site Web du ministère norvégien de la Santé, on peut également consulter ses propres rendez-vous de vaccination), les décomptes d’impôts, le paiement des amendes administratives ou les ventes de voitures, l’actuelle «BankID» peut être utilisée de manière facultative.

L’ancien système était déjà un «système d’identité numérique», écrit le journaliste suédois Peter Imanuelsen.1 «Pour faire simple, l’identité numérique est largement répandue en Norvège». La nouvelle étape consiste désormais à associer l’identité numérique à des données biométriques. L’«identification bancaire» peut également être utilisée par un code envoyé par SMS (connu en Autriche sous le nom de TAN), mais ce système sera progressivement supprimé.

Il sera remplacé par des applications qui reconnaissent les visages et les empreintes digitales. Un mot de passe devrait également être nécessaire. «Lors de la signature de contrats ou dans d’autres situations nécessitant une sécurité supplémentaire, vous devrez continuer à utiliser un mot de passe personnel», explique Bjerved de «BankAxept».

Priorité politique

L’argument de vente de ce nouveau système se résume au fait qu’il serait plus simple. Il serait plus pratique, car le login ne prendrait plus que 10 secondes au lieu de 30 actuellement. C’est bien plus «pratique». En échange, ce gain de temps fait des Norvégiens des citoyens encore un peu plus transparents.

Imanuelsen analyse ainsi la nouvelle carte d’identité numérique en Norvège: «Nous arrivons donc au point où non seulement nous avons une carte d’identité numérique, mais où les gens utiliseront aussi leur visage ou leurs empreintes digitales pour y accéder. Dans le pays voisin, la Suède, environ 6000 personnes ont déjà fait un pas de plus et se sont fait implanter une puce électronique pour pouvoir payer sans argent liquide».

On observe des développements similaires à ceux de la Norvège dans d’autres pays européens. En Autriche, la «Handysignatur», qui a fait ses preuves pendant des années, est remplacée par «ID Austria». Contrairement à la signature par téléphone portable, «ID Austria» nécessitera également des données biométriques et l’enregistrement d’un smartphone. Très similaire à la démarche norvégienne. TKP en a rendu compte.2

Quelques jours après la réélection d’Emmanuel Macron, la France a annoncé une avancée en matière d’identité numérique.3 La mise en œuvre de nouveaux systèmes d’enregistrement des citoyens devrait être une priorité majeure de la politique européenne.

Actuellement, tous ces projets, dont beaucoup d’autres existent dans les pays de l’UE, sont menés sous l’étiquette du «volontariat». Les critiques et les sceptiques craignent qu’à l’avenir, l’identité numérique biométrique ne devienne obligatoire pour pouvoir bénéficier de prestations, de services ou autres.

*    Thomas Oysmüller, né en 1990, a étudié la philosophie et les sciences sociales. Il est journaliste indépendant et a travaillé auparavant pour la radio en ligne allemande detektor.fm, quelques années pour zackzack.at ainsi que pour de petits journaux.

Source: https://tkp.at/2022/05/14/norwegen-biometrische-digital-identitaet-kommt/, 14 mai 2022
Reproduction avec l’aimable autorisation de l’auteur.

(Traduction «Point de vue Suisse»)

1 https://petersweden.substack.com/p/digital-id-biometrics?s=r

2 https://tkp.at/2022/03/15/oesterreichs-naechster-schritt-in-die-totale-digitale-kontrolle-id-austria/

3 https://tkp.at/2022/04/29/frankreich-rollt-digital-id-aus-wenige-tage-nach-macrons-wiederwahl/

Retour