Quand le loup vient
«Une chimère se brise contre la réalité»
par Marcel Züger,* Suisse
(25 avril 2025) Quatre-vingt-seize loups abattus en cinq mois, tel est le bilan de la régulation cynégétique. «Un massacre!», hurlent les défenseurs de la nature. Mais le Département fédéral d’Albert Rösti et les cantons ont agi correctement: dans l'intérêt d'une agriculture pastorale respectueuse des animaux, tout comme du point de vue de la protection des espèces.

(Photo mad)
Le loup, scientifiquement appelé Canis lupus, est une pop star. Une surface de projection chatoyante. Adulé par les uns. Un Jack l'Eventreur animalier, disent les autres. Qui est vraiment ce loup?
Il y a peu, le loup était considéré comme un habitant exigeant et farouche des forêts primitives, un indicateur d'une nature intacte. Aujourd'hui, une chose est claire: les loups vivent simplement là où nous les laissons vivre. Que ce soit dans la banlieue roumaine ou dans les steppes agricoles du nord de l'Allemagne, dans les paysages culturels alpins ou dans les parcs nationaux forestiers, les loups s'installent là où ils trouvent suffisamment à manger. Ils ne sont pas difficiles. Dans notre pays, ils se nourrissent principalement de cerfs et de chevreuils, mais ils chassent tout, des buffles aux souris, en passant par les oiseaux, les animaux de ferme, les chats et les chiens. L'essentiel, c'est la viande. En période de disette, ils survivent grâce aux baies et aux herbes.

Le loup ou la prospérité
Il y a 8000 ans, les hommes ont commencé à pratiquer l'agriculture et l'élevage en Europe centrale. Les premières traces d'économie alpestre remontent à 7000 ans, et les vestiges de la plus ancienne cabane d'alpage connue en Suisse à 3000 ans. Les loups représentaient sans aucun doute un danger permanent. Vivre avec les loups signifiait les tuer partout où cela était possible. Et ce, pendant des millénaires.
Les anciens Confédérés le faisaient avec une perfection toute helvétique. En 1548, le chroniqueur Johannes Stumpf écrivait: «On ne trouve nulle part ailleurs en Europe aussi peu de loups que dans les Alpes helvétiques. Aussitôt qu’un animal arrive de Lamparte [la Lombardie, ndlr] ou d'autres régions alémaniques voisines, ce sont des hôtes rares, ils sont poursuivis avec acharnement par les paysans.» Les aigles, les renards et les lynx étaient également éliminés en tant qu'animaux prédateurs, tout comme les cerfs et les chevreuils, considérés comme nuisibles pour les cultures agricoles.
Les loups immigrés ont notamment causé la mort de trois couturières près de Coire en 1511 et, 200 ans plus tard, d'une jeune fille du Münstertal qui allait chercher de l'eau à la fontaine le soir. On n’a pas tardé à agir. Au cours de l'hiver 1801, un paysan de l'Engadine a tué à coups de hache un loup qui s'était aventuré dans sa cour. La coexistence entre les loups et l'élevage pastoral n'a jamais été pacifique. La chasse au loup faisait partie intégrante de l'entretien du paysage. On utilisait pour cela des hameçons recouverts de viande, du poison, des filets, des lances et des fosses à loups. Dans les pays voisins, on employait également des chiens de chasse spécialement dressés, des installations de capture appelées «jardins à loups» et, plus récemment, des armes à feu. La peine de mort pour le vol de bétail ne frappait pas seulement les loups. En 1811, un homme a été exécuté à Coire pour avoir volé un mouton. Le bétail était précieux et sa perte mettait en péril l'existence de toute la famille.
Au milieu du XIXe siècle, les loups avaient été éliminés en Europe occidentale, à l'exception de quelques populations résiduelles. Nulle part ailleurs dans le monde cela n'a été réalisé sur une si grande superficie. La même époque a vu la rectification des cours d'eau sauvages des Alpes et l'assèchement des grands marais du Plateau. On a ainsi écarté le risque d'inondations, gagné des terres fertiles et éradiqué le paludisme. Il s'agissait d'un processus synergique entre l'industrialisation, l'augmentation des rendements agricoles et la maîtrise des risques naturels. La santé publique s'est améliorée et les bases de la prospérité future ont été jetées. Cette même prospérité qui nous permet aujourd'hui de nous offrir des cerfs, des aigles et des lynx et qui nous permet même de discuter des loups. Seuls ceux qui vivent dans la pauvreté ou dans le luxe ont des loups.
Il est intéressant de noter que dans de nombreuses régions d'Europe, l'éradication des populations de loups va de pair avec l'augmentation des libertés individuelles. Il reste toutefois à déterminer s'il s'agit d'une simple coïncidence ou d'un lien de causalité. Après tout, les seigneurs féodaux avaient un certain intérêt pour les loups. La chasse au loup était un passe-temps divertissant. De plus, cela arrangeait bien les seigneurs que les serfs devaient se battent contre les loups. Cela refroidissait le courage des révoltés et soulignait l'importance de la protection seigneuriale.

La Suisse, un jardin agréable
L'élevage pastoral réglementé n'a pu se développer qu'après la quasi-disparition des loups. C'est ainsi qu'a pu naître un paysage qui présente une richesse unique au monde en termes de structures, d'imbrications, de petites surfaces et d'utilisations variées. La Suisse est devenue le jardin agréable, comme le décrivait Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle.
L'élevage en petits troupeaux, la fauche des prairies escarpées et isolées au-dessus de la limite des arbres et l'agriculture sur de petites parcelles jusqu'en altitude étaient indispensables à l'économie de subsistance de l'époque. Gagner sa vie était épuisant et la vie à la montagne dangereuse en raison des avalanches. Le système fonctionnait à la limite de ses capacités. Il ne pouvait supporter aucun effort supplémentaire pour se défendre contre les prédateurs.
Les bergers étaient omniprésents. Ils n'avaient pas pour tâche de protéger le bétail contre les prédateurs. Ils étaient chargés de garder le bétail au bon endroit. On employait les plus jeunes, les plus âgés et les boiteux, qui ne pouvaient pas travailler à la ferme ou dans les champs. Ils n'avaient pas les capacités physiques nécessaires pour se défendre contre les loups. Dans l'histoire de l'Europe centrale, il n'existe donc aucune tradition de mesures passives de protection des troupeaux.

La durabilité vécue
Si elle n'existait pas encore, il faudrait l'inventer: l'économie alpestre. Elle représente la durabilité vécue dans sa forme la plus pure. Le bien-être animal est optimal. Les animaux élevés en pâturage ont accès à des espaces extérieurs 24 heures sur 24, sont nourris avec les aliments les plus nutritifs et peuvent manger la nuit lorsqu'il fait chaud. Les vêlages peuvent avoir lieu en plein air. On ne peut pas faire plus naturel.
Longtemps, le bétail a été gardé par des hommes, car ceux-ci coûtaient moins cher que les clôtures. Les bergers ont ensuite été largement remplacés par des clôtures électriques. Le bétail peut désormais être mieux gardé, exactement là où le temps, le terrain, l'eau et la nourriture le permettent. Les enfants vont à l'école, les personnes âgées ont une pension et les invalides une rente d'invalidité. Tout le monde y gagne, les animaux comme les hommes.
Cela a également profité à la biodiversité. Une région alpine sauvage et non exploitée serait nettement moins riche en espèces que le paysage culturel exploité. De nombreuses espèces animales et végétales dépendent des prairies, des pâturages, des champs et des petits plans d'eau artificiels. On ne peut pas faire mieux: l'homme vit et exploite, la nature en profite. Tout le monde y gagne.
On y produit des aliments sains et naturels. Ils ne se retrouvent pas sur le marché mondial, mais dans la région voisine. La durabilité grâce à des circuits courts.
L'économie alpestre va à contre-courant de l'évolution sociale. Elle constitue un bastion spirituel qui résiste à la modernité. Pas de numérisation ni d'anonymisation, mais un contact avec les éléments, avec les animaux. Responsabilité individuelle, travail physique, efficacité personnelle – ou échec. Immédiat. Pas d'«équilibre entre vie professionnelle et vie privée» avec une séparation entre le travail et la «vie», mais une vie intégrée au travail et le travail intégré à la vie. Le regard dans les yeux de la vache, le lever du soleil pendant la fauche, l'éclat de l'herbe couverte de rosée, les membres fatigués après une journée de travail remplacent les exercices de pleine conscience et l'entraînement au sommeil.
Un hotspot de la biodiversité
La région alpine est un haut lieu de biodiversité d'importance paneuropéenne. Le magazine «Hotspot» de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) écrivait dans son 27e édition:
«Les Alpes revêtent une importance capitale pour la biodiversité en Suisse. […] Le Monitorage de la biodiversité en Suisse (MBD) a démontré que le nombre d'espèces est particulièrement élevé dans de nombreux groupes d'organismes au niveau alpin et que de nombreuses espèces ont leur centre de distribution ici. Dans l'ensemble, les prairies des zones subalpines et alpines sont environ un quart plus riches en espèces végétales que les prairies de plaine.»
Plus de 80% des marais, des zones alluviales, des prairies sèches et des pâturages secs d'importance nationale se trouvent dans l'espace alpin.
Le terme «prairies et pâturages secs» désigne les prairies fleuries riches en espèces et de grande qualité. Il existe quelques rares endroits, comme dans le Valais central, où l'on trouve des steppes sèches naturelles qui restent exemptes de forêt même sans intervention humaine. Toutes les autres surfaces doivent être entretenues par fauchage ou pâturage. 93% de leur superficie actuelle se trouve dans le Jura et les Alpes, 62% sont pâturées.
On ne saurait trop souligner l'importance des sites secs pour la protection des espèces. Ils font partie des habitats qui abritent le plus d'espèces menacées. Depuis des décennies, la Suisse ne connaît certes pas de disparition d'espèces ni d'insectes, mais on observe un déplacement persistant.
Les espèces peu exigeantes et généralistes, ainsi que les habitants des sites riches en nutriments et des forêts, sont en augmentation, tout comme les espèces de grande et moyenne taille, en particulier les prédateurs. Les espèces exigeantes et spécialisées, ainsi que les habitants des sites pauvres en nutriments et des milieux ouverts, sont sous pression, tout comme les petites espèces, en particulier les proies. Cette dernière situation décrit exactement les communautés vivant dans les milieux secs.
Les prairies et les pâturages de l'espace alpin ont une grande responsabilité envers plus d'un millier d'espèces animales et végétales spécialisées. Cela signifie que si elles disparaissent des régions de montagne, elles disparaîtront très probablement de toute la Suisse.
L'importance et la menace ont été reconnues, et les sites secs sont protégés par la législation fédérale. Il est interdit de nuire à leur qualité ou à leur superficie. La protection est stricte. Toute intensification de l'exploitation, tout aménagement et tout autre projet de construction sont interdits, même les utilisations forestières et touristiques ne doivent pas aller à l'encontre de la protection, et il existe même des restrictions d'exploitation pour les terrains adjacents.
Depuis 1900, la superficie des sites secs a diminué d'environ 90% en Suisse, du moins selon une modélisation de l'Institut fédéral de recherche WSL de l'EPFZ. Une évaluation réalisée pour le canton des Grisons sur la base de ces données a montré qu'environ 5% des pertes sont dues à l'intensification de l'exploitation. Mais 95% sont dus à l'abandon de l'exploitation ou au reboisement.
Laisser les sites secs s'envahir par la végétation au nom d'une nature «authentique» n'est pas une option viable. Cela signifierait la fin de la protection des espèces et des biotopes. Pourquoi empêcher le service forestier de construire une nouvelle route à travers des zones protégées pour des raisons de sécurité, pourquoi interdire à un agriculteur d'épandre du lisier pour obtenir un foin plus nutritif pour son bétail, pourquoi empêcher une commune d'étendre sa zone à bâtir? Si la préservation d'espèces rares n'avait manifestement aucune importance, toutes les restrictions en matière de construction seraient obsolètes.
Fin du paysage culturel
Les sites secs sont généralement des terres dites à rendement marginal: isolées, escarpées, non exploitées, pauvres. Non seulement leur exploitation est fastidieuse, mais elles ne fournissent qu'un fourrage maigre et de mauvaise qualité. La diversité des structures et la pauvreté des sols sont une double raison qui explique la grande diversité des espèces. Mais elles sont aussi une double raison d'intensifier l'exploitation – ce qui est interdit – ou d'y renoncer complètement. C'est pourquoi l'exploitation extensive est encouragée par des fonds publics.
La protection des prairies et pâturages secs est une réussite. Il y a environ cinq ans, l'inventaire national a été révisé. La superficie recensée était nettement plus importante qu'il y a vingt ans. Cela ne va pas de soi. Une vache ne peut pas simplement manger plus lorsque le fourrage est de moindre qualité. Les vaches à haut rendement mourraient littéralement de faim devant une mangeoire pleine. Il a fallu mettre en place des modes d'exploitation entièrement nouveaux, souvent en réactivant d'anciennes races.
L'élevage intensif avait conduit, vers les années 1980, à la quasi-disparition des animaux de rente typiques de la Suisse, car ils étaient trop peu productifs. Des races telles que le Hinterwälder, la chèvre paon, le mouton d'Engadine, etc. ont été sauvées de l'extinction grâce à des programmes d'élevage spéciaux. La promotion de ces races anciennes et l'exploitation extensive des prairies et des pâturages vont de pair. Les pentes raides ne peuvent être pâturées que par des races anciennes, car elles sont légères et ont un pied sûr. Le foin maigre des prairies sèches ne peut être valorisé que par des animaux peu exigeants.
L'agriculture de montagne, avec ses liens ciselés, est un réseau complexe et organique qui s'est développé au fil du temps. Même si la présence du loup ne coupe que quelques fils, elle peut faire s'effondrer toute la structure. Quarante ans de travail de protection de la nature et des siècles de tradition d'exploitation laborieuse risquent de s'écrouler.
Cela n'a pas échappé aux écologistes. En mars 2024, un comité composé de professeurs d'université et de défenseurs actifs de la nature en Allemagne, en Autriche et en Suisse s'est adressé au public dans la Déclaration de Maienfeld:
«En poursuivant sa politique actuelle à l'égard des loups, reposant sur des connaissances dépassées et une vision partielle, l'Europe est en train de détruire ses paysages de prairies cultivées, uniques au monde et issus de plusieurs siècles d'évolution. Le système européen de zones protégées subira des dommages considérables si les traditions pastorales et d'autres formes d'exploitation extensive telles que le fauchage des prairies de montagne disparaissent. Sans une adaptation de la politique en matière de loups, la menace croissante qui pèse sur des espèces strictement protégées est inévitable et l'Europe se rendra coupable d'une dégradation à grande échelle d'habitats menacés.»

Une protection des troupeaux coûteuse et inutile
Les mesures de protection des troupeaux visent à résoudre le dilemme ci-dessus. Il y a quelques années, les clôtures électriques de 90 cm de haut étaient considérées comme infranchissables pour les loups. Ou bien la présence d'êtres humains, d'un seul chien ou d'ânes suffisait à éloigner les loups. Seuls les moutons et les chèvres étaient considérés comme menacés.
La faisabilité technique est très limitée, en particulier dans les régions montagneuses, où les pierres qui roulent ou le gibier qui court renversent régulièrement les clôtures, ou encore où la neige peut tomber même en été. Sur les terrains escarpés, les clôtures doivent être contrôlées au moins deux fois par jour afin de détecter à temps les défauts. Des loups ont déjà été filmés en train de sauter par-dessus des clôtures de 1,4 mètre de haut, et il a été prouvé qu'ils pouvaient franchir des clôtures encore plus hautes.
Malgré la présence de bergers qui crient et jettent des pierres, les moutons sont attaqués et emportés. Les chiens de protection des troupeaux sont trompés ou tués. Les ânes sont mangés. Là où le dispositif de sécurité nocturne a été considérablement renforcé, les loups ont attaqué pendant la journée. Le menu des loups comprend des moutons et des chèvres, mais aussi des chevaux, des bovins et des vaches allaitantes combatives, même lorsqu'ils se trouvent en groupes fermés. Tous les loups ne se comportent pas ainsi, mais chacun en a le potentiel. La protection des troupeaux est une course à l'armement sans fin, dont on voit la fin dans les parcs animaliers: des clôtures de quatre mètres de haut, bétonnées, avec des protections anti-escalade et des fils électriques.
Du point de vue de la protection de la nature, un autre aspect est plus important: les mesures de protection des troupeaux vont à l'encontre des objectifs de protection des habitats et des espèces. Des millions sont dépensés pour construire des ponts pour les animaux sauvages et des passages pour les petits animaux; c'est cher, mais utile et efficace. Dans le même temps, au nom de la protection de la nature, le paysage est envahi de clôtures. Les animaux sont empêchés de se déplacer ou se retrouvent piégés dans les clôtures électriques, notamment les cerfs, les chevreuils, les chamois, les chouettes, les lièvres et les hérissons. Les petits animaux tels que les serpents, les grenouilles et les oiseaux chanteurs, qui pourraient se faufiler à travers les mailles des clôtures, sont tués par électrocution.

D'avril à juillet, et souvent toute l'année dans les réserves naturelles, les chiens doivent généralement être tenus en laisse. Et voilà qu'on va introduire les races de chiens les plus sauvages dans les zones les plus précieuses pendant la période la plus sensible. Ils peuvent y tuer directement les petits animaux ou, en raison de leur présence permanente, les lièvres variables et les tétras lyres, par exemple, disparaissent de ces zones. La riposte argumentative est toutefois déjà prête: le changement climatique et l'agriculture seront certainement tenus pour responsables d'un éventuel déclin des animaux sensibles.
L'indemnisation des animaux de rente tués coûte quelques centaines de milliers de francs par an. Les mesures de protection des troupeaux et les frais administratifs des autorités publiques représentent toutefois la majeure partie des coûts. Il est difficile d'évaluer le coût total. Les estimations s'élèvent entre quinze et vingt millions de francs fiscaux par an. Les coûts non couverts liés aux dépenses supplémentaires des agriculteurs pourraient être du même ordre de grandeur. Actuellement, on recense 37 meutes vivant en Suisse ou au-delà des frontières nationales. Chaque meute de loups coûte donc environ un million de francs par an.

Nouvelle parution
«Mensch, Wolf! Begegnungen mit Bauern, Hirten, Birkhuhn und Apollo»
L'espace alpin est un haut lieu de la biodiversité d'importance européenne. Ce que l'on qualifie volontiers de «nature intacte» est en réalité un paysage culturel créé par l'homme.
Le livre accompagne les personnes qui entretiennent ce paysage. Suivez les traces du tétras lyre, du papillon apollon, du lys orangé, du cerf et d'autres espèces qui en profitent. Il raconte la vie et le travail des hommes d'hier et d'aujourd'hui. Et il montre ce que le retour des loups signifie pour les habitats du paysage culturel alpin.
Siehe: https://www.somedia-buchverlag.ch/gesamtverzeichnis/demenschwolf/
Une protection de la nature paternaliste
Les loups remettent donc tout simplement en question ce qui fonctionne bien: l'entretien des prairies et des pâturages riches en espèces qui subsistent, les structures agricoles à petite échelle, le maintien de modes d'élevage respectueux des animaux, l'exploitation des terres marginales, précisément là où elle est la plus importante pour la préservation de la biodiversité.
La protection de la nature a vu le jour dans les milieux libéraux-conservateurs, elle est cependant devenue un mode de vie et un modèle économique des milieux gauches-écologistes. Une canonnade de rhétorique affûtée, d'émotivité, de bien-pensance et d'autosatisfaction a créé une illusion à la fois enthousiaste et moralisatrice. Cette chimère est en train de se briser contre la réalité. Cela n'est nulle part plus évident que dans le cas du loup, mais cela concerne toute la protection paternaliste de la nature. Le choc semble être violent, douloureux – et salutaire.
La raison reprend le dessus et, un à un, les pays européens augmentent le nombre de loups à abattre. La Suisse joue ici un rôle de pionnier. «Grâce à la démocratie directe», comme on l'entend partout. Autodétermination, responsabilité individuelle. Comme à l’alpage. Comme il y a 500 ans.
* Marcel Züger, biologiste ETHZ, est propriétaire et directeur général de la société de services environnementaux Pro Valladas GmbH à Salouf GR et ancien député au Grand Conseil du canton d'Argovie (PS). Son livre «Mensch, Wolf! Begegnungen mit Bauern, Hirten, Birkhuhn und Apollo» [Gare au loup! Rencontres avec des agriculteurs, des bergers, des tétras lyres et des Apollons] paraîtra en mai 2025 aux Editions Somedia. |
Source: Weltwoche n° 7/2025 du 13 février 2025 – «Sonderheft Grün» [numéro spécial sur l'écologie]
(Traduction «Point de vue Suisse»)